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Un conflit qui s’étend aux réserves de valeurs et aux devises

 

Le cours de l’or est en léger repli cette semaine et repasse sous la barre des 2000$ l’once après le rallye haussier de début mars. L’appétit pour le risque semble de retour et plusieurs facteurs ont permis de restaurer la confiance des investisseurs : 

Recul du baril de pétrole vers les 110$, annonces du gouvernement chinois visant à soutenir l’économie, décision de la Fed de remonter ses taux de 25 points de base pour lutter contre l’inflation…
Comment ne pas s’interroger sur cet étonnant rebond des marchés tant certains fondamentaux laissent perplexe : 


✔︎ L’agence internationale de l’énergie a déclaré que la crise énergétique actuelle pourrait s’aggraver. Il n’est pas impossible que les États en viennent à prendre des mesures visant à limiter la consommation de pétrole. La volatilité des cours que nous avons connue jusqu’à présent est par ailleurs loin d’être terminée.
✔︎ La Chine a signalé plus de cas de COVID-19 cette année que pendant toute l’année 2021. Le variant Omicron provoque des épidémies de Shanghai à Shenzhen. Le pays a mis en quarantaine plusieurs grandes ville en raison de la propagation rapide du virus ce qui a provoqué une baisse des prix des matières premières en début de cette semaine.
✔︎ L’activité manufacturière s’est fortement détériorée dans l’État de New York pour la première fois depuis la mi-2020. Les chaînes d’approvisionnement montrent des signes de faiblesse et les délais de livraison sont rallongés.
✔︎ Février a vu l’inflation atteindre 5,8 % en zone euro et 7,9 % aux États-Unis.

 

Évolution des cours de l’or et de l’argent du 7 au 13 mars 2022 

● Cours international de l’once d’or : de 1988$ à 1922$ (-3,4%)
● Cotation de Londres LBMA  : de 1961$ à 1935$ (-1,3%)
● Pièce de 20 Francs Napoléon (cotation CPOR by Loomis FXGS) : de 358,20€ à 347,20€ (-3%)
● Le cours de l’once d’argent est passé de 25,86$ à 24,99$ (-3,5%)

 

ACTUALITÉ DES MARCHÉS ET MÉTAUX PRÉCIEUX

Les cours de l’or se sont globalement détendus cette semaine. Sauf résolution pacifique du conflit en Ukraine, l’once d’or devrait se maintenir au-dessus d’un premier support à 1900$.
La Réserve Fédérale américaine a rappelé que l’économie américaine est confrontée à une forte incertitude à cause de la guerre en Ukraine et de la crise sanitaire. En remontant son taux directeur et en promettant de poursuivre cette politique de resserrement cette année, la Fed rend les obligations d’État américaines, valeur refuge, plus rémunératrices. L’or devient moins attractif quand les taux montent car il ne produit pas de rendement.

Les ratios du 19 mars 2022 :

1.     RATIO LINGOT D’OR / BITCOIN = 61797$ / 41728$ = 1,48 ( 1,65 en S-1)

2.     RATIO OR / ARGENT = 61797$ / 803$ = 76,9 (76,9 en S-1)

ECONOMIE

Comme prévu, la Banque Centrale Américaine a donc décidé de relever ses taux avec une première hausse de 25 points de base. C’est la première hausse de taux depuis 2018. L’objectif est d’augmenter les taux d’intérêt lors de chaque réunion en 2022. Les prochains chiffres d’inflation devraient encore être très élevés. Ces hausses « programmées » signifient que la Fed prend l’inflation très au sérieux et qu’elle ne veut certainement pas prendre le risque d’une inflation incontrôlable.
La Fed pourrait commencer à réduire son important bilan (resserrement quantitatif) au cours du prochain trimestre.
Ces dernières années, les rendements des actifs ont affiché une forte corrélation avec les achats des banques centrales. En effet, la disponibilité de liquidités, grâce à une politique monétaire accommodante, a entraîné une hausse des prix des actifs. Les investisseurs pouvaient accéder au crédit à moindre coût et l’utiliser pour placer leurs fonds sur des actifs aux rendements plus élevés. Cela a fait monter les prix des actifs. Si la liquidité devient moins abondante et que l’accès aux fonds devient plus coûteux, les prix des actifs devraient chuter. Le retrait, même graduel, de la Fed, acheteur majeur du marché des bons du Trésor américain affectera certainement les prix de ces bons et fera grimper les rendements.

Il faut se souvenir que depuis mars 2020, la Fed s’est lancée dans un programme d’achat d’obligations pour soutenir l’économie américaine. C’est un acheteur majeur (sinon le plus gros) de bons du Trésor américain. Son intervention a pour effet simultané de pousser les prix de ces actifs à la hausse tout en faisant baisser les rendements. C’est le principe de fonctionnement d’une obligation. Cela incite les investisseurs en quête de rendement à s’orienter vers des catégories d’actifs relativement plus risquées.

À terme, il faudra voir si les investisseurs arbitreront en faveur des obligations, dont le rendement va mécaniquement augmenter, au détriment de l’or. Une autre lecture possible intégrant l’inflation nous laisse penser que les rendements réels vont rester négatifs et que l’or devrait continuer sur sa dynamique haussière.

 

 

L’INFO DE LA SEMAINE

Le conflit s’installe en Ukraine. La durée, l’amplification et l’issue de cette guerre semblent plus incertaines que jamais. Logiquement, les investisseurs s’orientent vers les actifs refuge. Le marché des changes étant l’un des plus importants marchés de capitaux, les acteurs l’utilisent pour se couvrir contre les risques, spéculer sur les événements géopolitiques et diversifier les portefeuilles. En temps de crise, ils cherchent surtout à liquider leurs actifs risqués, dont les prix baissent, au profit de valeurs dites refuges. Et certaines devises comme le dollar, le yen ou le franc Suisse, peuvent présenter plus de garanties et de sécurité que d’autres classes d’actifs.
Depuis le début du conflit, ces devises se sont renforcées face à l’euro pour plusieurs raisons. 


– La guerre est aux portes de l’Europe et l’Union Européenne se trouve en première ligne.
– Le conflit a révélé la dépendance des européens en termes de matières premières. Ceux-ci sont particulièrement exposés sur le gaz et le pétrole russe. Cette dépendance énergétique est le résultat d’années de politiques énergétiques non concertées qui se paient aujourd’hui au prix fort. On notera que pour couronner le tout, les centrales à charbon ont même été relancées en Europe. Les pays détenteurs de ressources minières et de matières premières comme la Norvège, le Canada, l’Australie et bien sûr les États Unis, disposent d’un avantage considérable. Alors il faut convenir qu’un Euro faible favorise la vente à l’export des Airbus mais que ce même Euro explique la flambée des prix à la pompe.

Va-t-on assister au retour de la guerre des monnaies dans les prochains mois? 

 

Le dollar avait commencé à s’apprécier en octobre 2021, alors que l’inflation accélérait et que les investisseurs semblaient anticiper un changement de politique de la part de la Fed. À mesure que les orientations de la politique monétaire des pays émergents divergeaient, la dispersion de leurs taux de change par rapport au dollar s’est élargie. Le dollar s’est moins apprécié vis-à-vis des devises des pays plus avancés dans leurs cycles de resserrement.
Le Royaume-Uni, la Norvège et l’Australie ont vu leurs devises respectives s’apprécier face au dollar américain, tandis que la couronne suédoise et le yen se sont dépréciés. L’euro s’est déprécié en janvier et a rebondi en février, apparemment soutenu par les directives de la réunion de la BCE. 

De son côté, la Chine, qui raisonne sur le temps long, cherche à développer une zone monétaire dans l’ensemble de l’Asie. Son objectif est de s’émanciper du « roi dollar » et de créer une zone de stabilité avec ses partenaires. Autrement dit, elle cherche à s’affranchir des errements des politiques menées aux États-Unis ou en Europe. Rappelons que depuis 2018, les transactions pétrolières peuvent être libellées en yuan, une monnaie elle-même convertible en or. Fantasme ou réalité, depuis le milieu des années 2000, Pékin a accéléré ses achats d’Or sur les marchés

Les actions de politique monétaire non conventionnelles vont continuer de peser sur les taux de change. Historiquement, seul le retour à un système de parités fixes définies à partir du métal précieux semble de nature à prévenir les manipulations de cours de change. 

Comme le disait l’économiste français Jacques Rueff : « l’or ne change pas de nature, il n’a pas de nationalité, il est tenu éternellement et universellement comme une valeur inaltérable et fiduciaire par excellence« 

 

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